Dehors

Sans domicile fixe

L'indigence porte à l'essentiel, car elle est convoitise.


Laeta et errabunda

Devinette : quelle différence y a-t-il entre l'errant et le vagabond?

L'errant cherche sa route et ne la trouve pas. Le vagabond n'aime que les terrains vagues.


Adeptes du luxe ou ceux du dénuement : ils ont en commun d'aimer ce qui n'a pas de prix.


Route des Indes

Le Salon de musique, de Satyajyt Ray

La flamme et le reflet du fleuve, l’ombre du portail, la cambrure du bateau sous la main du vent, tout passe dans la splendeur et dérision de l’éphémère.


Poème cosmique

Dunes de fleurs héliotropes sous le vent du Sud soufflant du Sahara. Combes et rizières aux palmes lentes, affleurements des roches néolithes, brindilles, schistes et quartz, séphalo-sève des cèdres centenaires, arborescences fluviales au creux des plis hercyniens ; limon crayeux, amibophile, estuaires ovaires ou rivières ligaments. Chairs de sable, cheveux de lichen ou d’étoupe, fronts des mers à l’assaut des bustes falaises, terre toupie à l’ampérage hautain du soleil, aigrettes grumelantes des coqs ou des paons moirés, caillures des étangs l’hiver.


Lazar Berman

Schubert hébète ses notes sous les doigts du ciseleur orthodoxe. 

(Franz Schubert, Sonate D.960)

Lucas Debargue

Ses nuits palpitent d’animaux étranges et de couleurs violentes. Ses jours dansent au soleil. 

(Maurice Ravel, Gaspard de la nuit, Scarbo)


La valse que Chopin a entendue, avant qu'il ne la compose, c'est celle-là que je voulais entendre. Mais sur quel instrument ?


Passi Balende


Ex nihilo nihil

Maintenant qu'ils ont tout profané, que nous reste-t-il de temples, où sont nos ostensoirs ?

Maintenant qu'ils ont tout saccagé, ou sont nos demeures ?

Maintenant, la terre sèche bée : "Ah !" lâche-t-elle.

Ses jets de bile, ses glaires, ses caillots noirs cerises, nos noyaux.

 

Quel trou d'ombre dans l'ombre, quel glacis de lumière éteinte?

Quel pavement de noir & noir?

Maintenant, 0, 1, 2, 3, 4 point zéro, les poupées aux joues montgolfières trémoussent leurs frimousses filtrées.

Nous sombrons, nos faces de craie s'effacent au chiffon.

Nos baisers grotesques dessinent en creux nos grimaces.

Nous foulons le vide, le ciel nous tire la langue.

Nul n'a plus vraiment de rire l'envie.

 

Que serait au juste, sous le pinceau anonyme d'un grand peintre mort – le Greco, pourquoi pas? –, paysage de néant?

Quelle trace, quelle ombre emportée de nos insouciances perdues ?


El Greco

Le dépouillement du Christ*

 

Tableau du Greco qui se trouve dans la cathédrale de Tolède, en Espagne, réalisé entre 1583 et 1584.

*connu sous le nom de El Expolio en espagnol

L'œuvre est signée sur un feuillet dans le coin inférieur gauche en caractères grecs minuscules : « Doménikos Theoto [Kópulos] Krès Ep[oíei] »

Tintoretto, La crocifissione

Tableau réalisé en 1565. Cette huile sur toile de très grand format, fut commandée par une confrérie vénitienne, .

L'œuvre est conservée à la Scuola Grande de San Rocco, à Venise.